Historique de la collection Lucia Brandl

Lucia Brandl fut une grande amatrice d’art et une collectionneuse passionnée en Roumanie. Tout au long de sa vie, elle rassembla avec exigence et sensibilité un ensemble d’œuvres rares, témoignage d’un regard éclairé et d’un profond attachement à la création artistique. À sa disparition, l’intégralité de sa collection fut transmise à son fils, Dica Brandl.

Les années suivantes furent marquées par des épreuves tragiques. Confronté à de graves difficultés financières, Dica Brandl tenta en 1986, sous le régime du parti communiste, de vendre à l’étranger une sculpture renommée intitulée Supplicius. Lors de son passage à la frontière, il fut arrêté par les autorités. L’œuvre fut immédiatement confisquée et Dica Brandl emprisonné durant plusieurs mois. Aujourd’hui encore, cette sculpture se trouve conservée dans un musée à Bucarest, silencieux témoin de cette histoire douloureuse.

À sa libération, sa vie bascula. Son épouse demanda le divorce, et Dica Brandl, profondément marqué par l’épreuve, sombra peu à peu dans l’alcoolisme et l’isolement.

Dans cette période de grande détresse, un homme lui tendit la main : Gheorghe Manea, son voisin. À plusieurs reprises, ce dernier l’aida à survivre, réglant ses factures d’électricité et lui prêtant de l’argent lorsque plus rien ne semblait possible.

Un jour, Dica Brandl demanda à Gheorghe Manea de venir chez lui avec une simple brouette. Arrivés au grenier, Dica lui remit alors toutes les sculptures qui s’y trouvaient, en guise de reconnaissance et de compensation pour cette aide essentielle, presque vitale.

Peu de temps après ce geste ultime de transmission, Dica Brandl s’éteignit à son tour. Ainsi se scella le destin de la collection Lucia Brandl, traversée par l’histoire, la perte, la solidarité humaine et la mémoire silencieuse des œuvres.