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Traian Vuia – Un siècle d’aviation
Cet article retrace la vie et les réalisations de Traian Vuia, pionnier de l’aviation né en 1872 en Roumanie. Il raconte son parcours depuis ses études à Budapest et à Paris jusqu’à son premier vol historique du 18 mars 1906 à Montesson, où il fit décoller son avion « Vuia n°1 » uniquement grâce à sa propre puissance — une première mondiale. L’article évoque également ses inventions mécaniques et brevets internationaux, ses expérimentations de moteurs et d’hélicoptères, ainsi que son engagement patriotique durant les deux guerres mondiales.
TRAIAN VUIAAVIATIONANALYSEDOINA FRUMUSELU
10/31/20255 min temps de lecture


Traian Vuia est né le 7 août 1872, dans une famille roumaine du village de Surducul Mic (aujourd’hui Traian Vuia), dans la région du Banat, alors sous domination austro-hongroise.
Après l’école primaire dans son village, il poursuit ses études secondaires à Lugoj, où il obtient son diplôme en 1892. Passionné de mécanique et particulièrement d’aéronautique, Vuia rêve très tôt de voler.
Faute de moyens financiers, il ne peut suivre qu’une année à l’École Polytechnique de Budapest, mais parvient ensuite à s’inscrire à la Faculté de Droit de cette ville, tout en travaillant comme assistant dans un cabinet juridique. Il obtient son diplôme en 1901 et reçoit le titre de docteur en droit. Le 27 juin 1902, il part pour la France, où il vivra jusqu’en 1950, avant de retourner en Roumanie, très malade. Il meurt le 3 septembre 1950.
En février 1903, Vuia soumet à l’Académie des sciences de Paris un mémoire sur un projet de monoplan qu’il appelle « aéroplane-automobile ». Le projet est rejeté, car on considère alors qu’un vol d’un appareil plus lourd que l’air est une « chimère ». Le 15 mai de la même année, il dépose cependant son invention à l’Office national de la propriété industrielle et obtient le brevet n° 332106 pour sa machine volante.
Il commence la construction de son appareil dans l’atelier Hockenjds & Schmitt à Courbevoie, qu’il termine à la fin de 1905, grâce au soutien financier de quelques amis de Lugoj.
Le monoplan “Vuia n°1” se compose d’un châssis triangulaire en tubes d’acier monté sur quatre roues pneumatiques (une première en Europe), d’ailes pivotantes de 2,10 m d’envergure et d’un moteur à hélice tractrice. Il est dirigé par un gouvernail et par la variation de l’incidence des ailes. Le moteur de 20 chevaux, de type Serpollet, fonctionnait à la vapeur modifiée par Vuia pour utiliser de l’acide carbonique liquide vaporisé – mais ne pouvait fonctionner que peu de temps.
Le 5 février 1906, en présence de plusieurs personnalités – le duc et le vicomte Decazes, George et Gaston Besançon, Gustave Hermite, etc. – Vuia effectue ses premiers essais près de Paris.
Dans la revue L’Aérophile (février 1906), organe officiel de l’Aéro-Club de France, M. Masfrand évoque ses expériences et publie une photo de la machine, en soulignant qu’elle « présentait l’avantage de supprimer les moyens artificiels utilisés jusque-là pour lancer les aéroplanes, tels que cerfs-volants, rails, plans inclinés ou automobiles tracteurs ».
Dans L’Aérophile de juin 1906, on rappelle que l’aéroplane Vuia I « a été testé publiquement dès février 1906, bien avant toutes les autres machines contemporaines ». Et, en septembre 1906, un éditorial note :
« Il est juste de rappeler que M. Vuia est le premier en France à avoir tenté, avec une machine capable de porter un homme, le décollage direct d’un aéroplane à roues et à hélice. »
Le 18 mars 1906, à Montesson, près de Paris, Vuia réussit un vol de 12 mètres à un mètre de hauteur, sans aide extérieure. Ce vol est rapporté dans L’Aérophile, Nature, L’Auto (1906), The New York Herald (3 mars 1907 : « Vuia Airplane Makes a Successful Flight »), L’Aéronautique (1923), et bien d’autres ouvrages historiques.
Le premier modèle restauré du Vuia n°1 est exposé au Musée de l’Air et de l’Espace du Bourget, à Paris, avec l’inscription :
« Le 18 mars 1906, six mois avant le vol de Santos-Dumont, Vuia décolla avec son monoplan de la route de Montesson et vola sur 12 mètres à un mètre du sol. »
Des répliques existent également au Musée National Militaire de Bucarest et au siège de l’OACI à Montréal (Canada).
Sur la façade de la mairie de Montesson, une plaque commémorative rappelle que c’est là que Vuia réalisa le premier décollage autonome d’un appareil plus lourd que l’air.
D’autres vols suivirent en juin, août et octobre 1906, atteignant jusqu’à 24 mètres. En 1907, Vuia équipa son nouvel appareil, Vuia n°1 bis, d’un moteur Antoinette de 24 chevaux. Il testa ensuite le Vuia n°2 à Juvisy et Issy-les-Moulineaux.
L’historien Charles Gibbs-Smith écrira plus tard que « le monoplan de Vuia, premier appareil à forme conventionnelle de l’histoire, a probablement influencé Blériot à abandonner le biplan pour adopter le monoplan ». Vuia fut aussi le premier à utiliser des tubes d’acier soudés, près de dix ans avant le « Spinne » de Fokker.
Il s’intéressa ensuite aux moteurs à cycle Stirling et aux générateurs de vapeur instantanée, déposant de nombreux brevets en France, en Belgique, au Canada et en Hongrie.
Pendant la Première Guerre mondiale, Vuia entreprit des études sur les hélicoptères, publiées en 1929 sous le titre Études expérimentales sur les plans inclinés en rotation. En 1920, il dépose un brevet américain pour un système de propulsion et, en 1921, un brevet français pour des « perfectionnements aux moyens de sustentation ». Il construit deux prototypes d’hélicoptères testés à Juvisy et Issy-les-Moulineaux, parmi les premiers essais de ce type au monde.
Dans les années 1920, Vuia met également au point des générateurs à combustion catalytique, ce qui lui vaut 19 brevets internationaux. Ses recherches furent interrompues par la Seconde Guerre mondiale.
Lors du 50e anniversaire du premier vol mécanique (18 mars 1956), la revue Flight écrit :
« Vuia fut un homme d’une grande modestie. Il ne revendiqua jamais d’autre mérite que celui d’avoir démontré, dès 1906–1907, que le vol motorisé était une réalité. »
Charles Dollfus, conservateur du Musée de l’Air à Paris, ajouta :
« Sa machine fut la première équipée de roues pneumatiques. Santos-Dumont s’en inspira pour réaliser ses propres vols. Bien que limitée, l’œuvre de Vuia fut d’une importance capitale par la qualité de sa conception et son courage expérimental. »
Enfin, dans Wings of History – The Air Museums of Europe (1989), Louis et Judene Divone rappellent :
« Le 18 mars 1906, Traian Vuia fut le premier homme à décoller d’un sol plat, uniquement grâce à la puissance de son moteur. Il poursuivit ses recherches et, en 1922, son hélicoptère fut parmi les tout premiers à voler. »
Patriote engagé, Vuia dirigea les Roumains de France pendant les deux guerres mondiales, soutenant la résistance et aidant les délégations roumaines lors des traités de paix.


Airbus Traine Vuia
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